Comment établir un plan financier ?

Vous ne lancez pas votre propre entreprise pour y laisser votre chemise. C’est pourquoi il est important de commencer par évaluer la rentabilité de votre projet.

severin-van-neste-17--fr.jpg Infobulle de l'image : Severien Van Neste Comptable Affiliée depuis 2007

C’est à cela que sert un plan financier : il vous donnera un aperçu de vos revenus, de vos investissements et de vos dépenses. Cela vous permettra d’anticiper tous les obstacles et tous les pièges qui pourraient se dresser sur votre route.

Qu’est-ce qu’un plan financier ?

Votre plan financier est un chapitre de votre plan d’affaires. Votre plan financier vous indique si votre projet est financièrement réalisable en vous aidant à anticiper vos revenus, vos investissements et vos dépenses. Après avoir procédé à une première évaluation, vous pouvez le peaufiner avec votre comptable ou un autre expert financier.

Un plan financier n’est pas gravé dans le marbre. Bien qu’il doive être aussi réaliste que possible, il s’agit avant tout d’une estimation. Il est donc toujours possible d’y apporter des rectifications.

Établir un plan financier : est-ce obligatoire ?

Tout le monde n’est pas légalement obligé d’établir un plan financier. Mais dans certains cas, notamment pour les formes de société comme la SRL, SA ou SC, il est indispensable.


Depuis la réforme du droit des sociétés, l’exigence d’un capital minimum a été supprimée, mais elle a été remplacée par l’obligation de fournir un plan financier solide. Celui-ci doit être remis au notaire lors de la création de la société.


Attention :
Si votre société fait faillite dans les 3 premières années, la qualité de ce plan pourra être analysée. S’il est jugé insuffisant (par exemple, un capital de départ trop bas), vous risquez d’être tenu responsable des dettes sur vos biens personnels. Mieux vaut donc prévoir large et justifier vos hypothèses avec sérieux.
Même si votre forme juridique ne l’exige pas, établir un plan financier reste fortement recommandé. Il prouve la viabilité de votre projet, vous aide à anticiper les besoins réels, et renforce votre crédibilité auprès des investisseurs ou partenaires.

Quelles sont les grandes parties d’un plan financier ?

Un plan financier bien structuré repose généralement sur trois piliers complémentaires :

  1. La rentabilité de votre activité
  2. Vos besoins en financement et en investissements
  3. La gestion de votre trésorerie

Ces trois blocs vous permettent d’avoir une vue d’ensemble réaliste de votre situation financière, dès le lancement… et pour les années à venir. On les détaille pas à pas juste en dessous.

Étape 1 : la rentabilité de votre activité

  • Quelle est votre activité ?
  • Quels revenus pouvez-vous prévoir ?
  • Quels seront vos frais ?
  • Vos revenus seront-ils supérieurs à vos frais ?

Étape 2 : votre plan d’investissement et de financement

  • De quel montant avez-vous besoin pour lancer votre entreprise ?
  • Quels investissements devrez-vous réaliser ?
  • À combien s’élève votre apport propre ?
  • Quelle part du capital lèverez-vous auprès de tiers ?
  • À quelles aides pouvez-vous faire appel ?
  • Cela vous permet-il de disposer d’un fonds de roulement et d’un financement suffisants ?

Étape 3 : votre plan de liquidité

  • Comment les clients paieront-ils ?
  • Comment paierez-vous vos fournisseurs ?
  • Aurez-vous des déficits de caisse ?
  • Votre entreprise est-elle assujettie à la TVA ?
  • Quelle quantité de stock devez-vous prévoir ?

Une bonne préparation : le meilleur départ

Vous voulez être certain d’avoir pensé à tout lorsque vous vous lancez en tant qu’indépendant ? N’hésitez pas à vous rendre sur la page récapitulative. Vous y trouverez un scénario pratique pour un départ serein.

Étape 1 : la rentabilité de votre activité

Dans cette première étape, vous examinez votre activité sur toutes les coutures. Quels seront les coûts et les revenus ? Surtout, les bénéfices seront-ils supérieurs aux charges ? C’est une condition essentielle pour qu’une entreprise soit rentable.

Quels seront vos revenus ?

Pour obtenir un chiffre, analysez les services ou les produits que vous proposerez et vos tarifs.

Par exemple, si vous vous lancez comme kinésithérapeute indépendant, vous pouvez vous poser les questions suivantes :

  • Quel est votre tarif horaire ? Réponse : 60 €.
  • Combien de séances pouvez-vous donner par jour ? Réponse : 6 en moyenne.
  • Combien de jours par an voulez-vous travailler ? Réponse : 250 jours.
  • Votre rendement annuel = 60 € x 6 clients x 250 jours = 90.000 €.

Vous voulez vendre des vélos électriques ? Posez-vous les questions suivantes :

  • (A) quel est le prix de vente moyen d’un vélo ?
  • (B) combien de vélos pensez-vous vendre par an ?
  • Votre rendement annuel sera égal à (A) x (B).

Quels sont vos frais ?

Pour déterminer vos frais, vous pouvez distinguer les catégories suivantes.

  • Les frais variables. Comme leur nom l’indique, ces frais varient en fonction des ventes : pensez par exemple à l’achat de matières premières, aux frais des sous-traitants, aux commissions, etc. Plus vous faites de ventes, plus ces frais seront élevés et vice versa.

    C’est pourquoi ces frais peuvent être exprimés en pourcentage du chiffre d’affaires. Vous pouvez aussi vous fonder sur un prix unitaire. Vous pouvez convertir les frais variables en montants en cours d’année.

  • Les frais fixes sont les frais quotidiens de l’entreprise. Que vous fassiez beaucoup de ventes ou aucune, ces frais ne varient pas : l’électricité, Internet et la location d’un immeuble commercial en sont les exemples classiques.
  • Le salaire de vos travailleurs et votre rémunération de gérant. À cet égard, tenez toujours compte de la rémunération brute, des cotisations patronales ONSS et des cotisations sociales. Tous ces éléments rentrent dans le coût total.

Seuil de rentabilité, bénéfices ou pertes ?

Si vos revenus sont exactement égaux à vos frais, vos comptes sont à l’équilibre. Cela signifie que vous avez atteint le seuil de rentabilité. Si vos revenus prévus dépassent le seuil de rentabilité, vous réalisez un bénéfice. Plus vos revenus sont supérieurs au seuil de rentabilité, plus vous pouvez dormir sereinement. En revanche, si vos revenus sont inférieurs au seuil de rentabilité, vous subissez des pertes. Autrement dit, vous perdez de l’argent et vous devez augmenter vos revenus ou réduire vos frais.

Étape 2 : votre plan d’investissement et de financement

À l’étape précédente, vous avez mis au point votre fonctionnement quotidien. Il est temps d’envisager les choses à plus long terme.

Une fois vos revenus et dépenses estimés, vous devez identifier ce dont vous avez besoin pour démarrer, et comment vous allez le financer.

Votre plan d’investissement

Les investissements sont les frais que vous consacrez aux achats indispensables au fonctionnement quotidien de votre entreprise. Il s’agit généralement de montants plus importants, qui sont amortis sur une plus longue période dans la comptabilité. Comme vous pouvez le voir d’après les exemples ci-dessous, ces investissements sont souvent très divers :

  • des immobilisations incorporelles, comme des logiciels, des frais de recherche et de développement, des licences, l’écart d’acquisition et des brevets;
  • des installations, des machines et des équipements, comme l’ameublement d’un magasin, des chaises et des tables;
  • d’autres actifs, comme des véhicules, des terrains ou des bâtiments.

Vous pouvez classer vos investissements par catégorie. Cette répartition se fait d’après le degré de liquidité : à quel rythme ces investissements peuvent-ils être reconvertis en espèces (argent liquide) ?

  • Immobilisations : des exemples typiques sont l’achat ou la location d’un bâtiment, d’un local ou d’une voiture de société, le pas-de-porte, les frais de notaire, etc. Il s’agit des moyens nécessaires au fonctionnement à long terme de l’entreprise.
  • Actifs réalisables : ce sont tous les investissements qui peuvent être convertis en espèces à court terme, donc dans l’année.
  • Exemple : les stocks de matières premières que vous avez constitués.
    Actifs disponibles : ce que vous avez à la banque, une partie du fonds de roulement de votre entreprise.

Votre plan de financement

Le montant total de votre plan de financement doit être identique – et de préférence supérieur – à celui de votre plan d’investissement. Si ce n’est pas le cas, cela signifie que vous n’avez pas de quoi financer certains investissements.

Vous pouvez vous financer en ayant recours à vos fonds propres ou à des ressources extérieures, comme un emprunt. Plus vous êtes en mesure de vous financer vous-même, plus vous avez les reins solides, car cela signifie que vous dépendez moins de l’aide de tiers. Pour finaliser votre plan de financement, vous avez trois pièces de puzzle à combiner.

  1. Votre apport ou vos capitaux propre(s) renvoient, comme leur nom l’indique, aux fonds que vous consacrez vous-même au projet. Il peut s’agir de votre épargne ou de la mise à profit d’un actif que vous possédez déjà, comme une voiture ou un ordinateur. Les prêts dits subordonnés – comme l’argent que vous prête votre famille ou vos amis – entrent aussi dans la définition des capitaux propres.
    Souvent, les établissements financiers exigent que les entrepreneurs débutants couvrent au moins 30% du capital requis en apport propre. Dans certains secteurs, comme l’horeca, cette part peut même s’élever à 50%. Vous pouvez présenter un plan financier solide ? Dans ce cas, certains établissements financiers feront une exception et un apport propre ne sera pas nécessaire.
  2. Les capitaux empruntés sont un prêt ou un crédit accordé par un tiers professionnel, comme une banque ou un fournisseur. Ces fonds doivent souvent être remboursés par mensualités avec un taux d’intérêt. À cet égard, l’on peut distinguer deux types de dettes :
    • les dettes à court terme doivent être remboursées dans l’année. Pensez par exemple au crédit fournisseur, au crédit en compte courant et aux impôts.
    • les dettes à long terme ont une durée de plus d’un an. Il peut s’agir d’un emprunt à long terme pour l’inventaire, par exemple, ou d’un prêt hypothécaire.
  3. Un financement public est octroyé par les pouvoirs publics, à des conditions généralement plus avantageuses qu’une banque. Découvrez ici  les mesures d’aide auxquelles vous pouvez faire appel.

Outre ces trois pièces de puzzle, il existe bien entendu d’autres moyens de financement. Le crowdfunding  est notamment devenu très populaire. Les préventes sont également une possibilité, si vous commercialisez un produit qui peut être vendu avant le début de la production. Par exemple, des projets de construction sont souvent mis sur le marché sur la base d’une maquette.

Et les risques ?
Aucun projet n’est à l’abri d’imprévus. Identifiez dès le départ les principaux risques financiers : variation de la demande, retards de paiement, hausse de vos coûts… En les anticipant, vous pourrez intégrer des marges de sécurité dans vos prévisions.

Exemple simplifié

  • Investissements prévus : 40.000 €
  • Apport personnel : 15.000 €
  • Crédit bancaire : 20.000 €
  • Subvention publique : 5.000 €

Un conseil en or : soyez réaliste

Un plan solide se construit pierre par pierre. Vérifiez la faisabilité de votre projet à chaque nouvelle étape. Si vous vous rendez compte que vous avez placé la barre trop haut, revenez en arrière et recommencez depuis le début. Cela demande certes du temps et des efforts, mais vous les récupérerez au centuple en sécurité et en sérénité. Après tout, le plan d’un château en Espagne ne vous sera d’aucune utilité.

Étape 3 : votre plan de liquidité

Un plan de liquidité vous aide à visualiser mois par mois si votre entreprise pourra faire face à ses engagements financiers. Il s'agit d'un tableau prévisionnel qui liste toutes vos rentrées (ventes, apports, subventions) et sorties (loyers, fournisseurs, salaires, charges sociales, impôts).


Il permet d’anticiper les moments de tension de trésorerie, comme un décalage entre vos paiements clients et vos dépenses fixes. Si un déficit temporaire est identifié, vous pouvez chercher à décaler certains paiements, lisser vos achats ou négocier des délais, plutôt que de recourir directement à un emprunt.


Et si un problème survient ?


Même avec un bon plan, vous pourriez traverser une période difficile. Dans ce cas, vous pouvez :

  • Contracter un crédit de caisse à court terme (solution coûteuse, à utiliser avec précaution) ;
  • Étaler certains achats ou investissements sur plusieurs mois ;
  • Réduire les retraits personnels temporaires, si vous êtes indépendant.

L’objectif : éviter que vos engagements mensuels ne vous mettent en difficulté, tout en gardant une vision claire de votre marge de manœuvre.

Comment établir un plan de liquidité ?

Un plan de liquidité est un tableau prévisionnel qui vous permet de visualiser, mois par mois, si votre entreprise pourra faire face à ses dépenses (salaires, loyers, fournisseurs, impôts…) en fonction de ses rentrées d’argent (ventes, subventions, apports…).
Même si votre activité est rentable sur le papier, un décalage entre vos paiements sortants et les encaissements clients peut créer un déficit temporaire de trésorerie. Le plan de liquidité sert à anticiper ces périodes creuses, pour mieux les gérer.
Que contient un bon plan de liquidité ?

  • Vos encaissements prévisionnels : chiffre d'affaires, apports, aides…
  • Vos décaissements mensuels : salaires, charges, achats, remboursements…
  • Votre solde mensuel (positif ou négatif) et solde cumulé.

Comment le créer ?

  • Utilisez un tableur (Excel, Google Sheets) ou un outil en ligne gratuit (ex. : plateforme de gestion comptable).
  • Basez-vous sur des hypothèses réalistes (délai de paiement moyen, saisonnalité…).
  • Réajustez régulièrement selon vos résultats réels.

Et si un trou de trésorerie est prévu ?


Vous pouvez envisager plusieurs options :

  • Étaler vos dépenses, ou négocier des délais avec vos fournisseurs.
  • Réduire vos prélèvements personnels temporaires si vous êtes indépendant.
  • Recourir à un crédit de caisse en dernier recours.

L’important est d’anticiper, pour ne pas devoir réagir dans l’urgence.


Quels documents inclure dans votre plan financier ?

Un plan financier solide repose aussi sur plusieurs documents chiffrés, souvent exigés par les partenaires financiers :

  • Le compte de résultats prévisionnel : il montre si votre activité sera rentable.
  • Le bilan prévisionnel : il donne une photo de votre situation financière à un moment donné.
  • Le tableau de trésorerie (ou plan de liquidité) : il détaille les entrées et sorties de trésorerie mois par mois.

Cette page résumée pour vous

  • Estimez de manière réaliste vos revenus, vos coûts et vos besoins de financement.
  • Un plan financier bien structuré vous aidera à piloter votre activité, à anticiper les imprévus et à convaincre partenaires, investisseurs ou banquiers de la solidité de votre projet.

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