Lien, experte en allaitement : « Développez-vous sans minimiser votre activité »

Lorsque la vie met soudainement votre vocation sur votre chemin

« Après la naissance de mon premier enfant en 2011, j’ai décidé d’embrasser la maternité et de me concentrer exclusivement sur ma famille. Très vite, j’ai été très intéressée par tout ce qui a trait à l’allaitement. À un tel point que j’ai bénévolement commencé à aider des mamans à allaiter. La période autour de la naissance est une période très belle et passionnante, mais aussi très fragile pour beaucoup. Pour le dire simplement, j’ai alors trouvé ma vocation. »

« En 2018, il était temps de passer à l’étape suivante : me lancer comme indépendante. Après avoir été reconnue comme consultante en lactation certifiée par le Conseil international, j’ai fondé le cabinet Groei! avec ma collègue entrepreneure et médecin généraliste Marina de Regt à Gand. Aujourd’hui, c’est un cabinet de groupe qui réunit une équipe multidisciplinaire. J’y vis encore chaque jour ma vocation en tant qu’indépendante à titre complémentaire. »

Une course à l’argent ? Non, merci

« Quelle est mon activité à titre principal ? Je travaille comme employée administrative dans le secteur médical. En tant que maman de trois enfants, ce travail m’offre une sécurité financière suffisante pour avoir l’esprit tranquille. Cela me permet de remplir librement mon agenda et mon travail d’indépendante sans devoir penser en permanence à la fin du mois. Car c’est parfois l’aspect financier qui doit vous pousser à faire certains choix. Je ne suis par exemple pas fan de la publicité pure et dure, ou d’histoires autocentrées sur les réseaux sociaux. »

« Comme je travaille à titre complémentaire, tout peut encore se faire de manière très organique. Les gens viennent me voir grâce au bouche-à-oreille et via le bénévolat que je fais toujours. D’autres personnes autour de moi se développent beaucoup plus vite, mais mon rythme me convient parfaitement. C’est un rythme que je peux facilement tenir. »

Vers une activité indépendante à titre principal

« Pour moi, le plus grand défi du statut d’indépendant à titre complémentaire, c’est de trouver l’équilibre. Vous pouvez remplir votre agenda vous-même, mais vous ne pouvez pas inventer des heures. Après mon activité principale, il ne me reste pas énormément de temps pour ma famille et pour moi. Je me remets alors souvent au travail une fois que le rush du soir est terminé et que les enfants sont au lit. Trouver un équilibre sain n’est pas toujours facile. »

« Heureusement, je considère mon activité complémentaire comme une passion plutôt que comme un travail. Je tire beaucoup d’énergie des discussions que j’ai avec les gens. Rassurer les gens en leur disant qu’ils ne sont pas les seuls à rencontrer un problème donné, les aider à réfléchir à des situations d’allaitement complexes, leur donner des conseils pour tirer leur lait ou sur les écharpes de portage… Bref, penser en solutions pour que les parents retrouvent du plaisir, c’est cela qui me motive. Pour moi, il n’y a pas de retour possible. » Je veux continuer à évoluer en tant qu’experte en allaitement et devenir à terme indépendante à titre principal. Il me sera alors aussi plus facile d’organiser mon temps. »

Qui cherche trouve : vos piliers

« Vous lisez souvent qu’être bien entouré.e est la clé de la réussite. Eh bien, c’est vrai, même pour les indépendants complémentaires. Et la plus grande erreur que vous puissiez faire, c’est de penser que ce n’est que votre activité complémentaire. Non, il s’agit de votre avenir. Pourquoi ne pas mettre toutes voiles dehors pour cela ? »

« Pour parler du travail en tant que tel, je m’adresse toujours à Marina, ma partenaire de la première heure et également mon soutien et mon refuge. J’ai aussi régulièrement des questions sur l’administration et la comptabilité. Et j’ai ainsi trouvé un deuxième pilier : mon comptable. C’est lui qui me dit ce que je dois faire, quand, et comment, pour être en ordre. Je lui fais confiance et la collaboration se déroule très bien. Je veux avant tout mettre mon énergie dans les choses que je fais bien et que j’aime faire. Avoir un réseau restreint mais solide me le permet. »

Sire, où sont les gens ordinaires ?

« Ce que j’aimerais dire aux entrepreneurs qui couvent un projet : ne vous laissez pas déconcentrer par des histoires d’entrepreneurs décoiffantes. « Sur les réseaux sociaux surtout, il règne parfois une positivité toxique. Vous n’atteignez pas une croissance annuelle de 400 %, vous n’êtes pas le prochain Elon Musk ou vous n’avez pas de campagne marketing ultra créative ? Ce n’est même pas la peine de commencer ! C’est parfois ce que l’on veut nous faire croire. Mais ces succès spectaculaires sont l’exception, pas la règle. »

« La plupart des entrepreneurs sont des gens ordinaires qui veulent réaliser un rêve. Pas à pas, sans tambour ni trompette. Je suis l’un d’entre eux. Et je profite pleinement de mes progrès et des gens qui apparaissent sur mon chemin. Tant que la motivation est présente et que vous êtes prêt.e à faire un saut de temps en temps, vous devez surtout y aller. »