Margot, cofondatrice d’eBloom : « Le feedback est vital »

Que fait eBloom ?

eBloom permet aux entreprises de mieux écouter leurs collaborateurs au quotidien, grâce à une plateforme SaaS qui recueille en continu leur ressenti. Elle centralise les feedbacks anonymes, mesure l’engagement via des dashboards dynamiques, et propose des outils interactifs (TeamPulse, boîte à idées…). Chaque fonctionnalité repose sur une technologie digitale fluide, sécurisée et évolutive, pensée pour piloter l’expérience collaborateur de manière intelligente et en temps réel. 

Créer de l’engagement, pour de vrai

« Entreprendre, c’est croire qu’une idée peut réellement changer le quotidien de milliers de personnes. Et avoir le courage de la concrétiser », confie Margot Wuillaume, cofondatrice d’eBloom. Convaincue que chaque organisation peut devenir un lieu d’épanouissement, elle transforme un mémoire universitaire en projet entrepreneurial à impact. « Chez eBloom, nous voulons changer la manière dont les entreprises écoutent leurs collaborateurs. Le feedback ne doit plus être une contrainte, mais un réflexe ! »

L’ambition ? Les aider à créer des environnements plus humains, en facilitant des échanges simples, réguliers et utiles – entre collègues, mais aussi entre équipes et direction. « Beaucoup d’entreprises font encore des enquêtes tous les trois ou cinq ans. Trop longues, trop rigides. Et les collaborateurs répondent, mais ne voient pas toujours les résultats. »  

eBloom propose donc une alternative : un outil simple, ludique et réactif, pensé pour recueillir le ressenti des équipes semaine après semaine. Le principe : des questions ciblées, anonymes, un tableau de bord actualisé. « Fini les 120 questions en mode formulaire, nous voulions que ce soit fluide et engageant. » Résultat : une participation élevée, des décisions plus alignées avec le terrain – et une véritable culture du dialogue qui prend racine. 

De l’idée au projet, sans attendre

L’histoire d’eBloom commence à l’université. Lors de son master en entrepreneuriat à la Louvain School of Management, Margot planche avec trois camarades sur un mémoire autour du bien-être au travail. « À ce moment-là, nous ne savions pas coder, nous n’avions aucun budget… mais nous avions une idée à défendre et nous avons rapidement trouvé les bons soutiens autour de nous. »

Deux des quatre étudiants choisissent de poursuivre l’aventure. Le 7 octobre 2019, l’équipe se lance officiellement. « Nous avons passé des mois à rencontrer des DRH, des CEO, à observer, à écouter, à comprendre les besoins du terrain. » Très vite, un développeur rejoint le projet. Le trio est au complet — et prêt à concevoir une solution utile, accessible et profondément engageante. 

Quand le COVID devient moteur

Quelques mois après ce lancement, la crise du Covid bouleverse tous les plans. Les rendez-vous s’annulent, l’incertitude règne. Mais l’équipe choisit d’en faire une opportunité. « Les entreprises n’avaient jamais été aussi déconnectées de leurs collaborateurs. Et nous avions justement un outil pour recréer du lien. »

En trois semaines, l’équipe développe un MVP (Minimum Viable Product) : une première version de l’app, simple mais fonctionnelle. « Nous avons travaillé jour et nuit pour sortir une version avant la fin du confinement. Elle permettait de poser une question par jour aux collaborateurs, avec un tableau de bord en temps réel. »

Proposé gratuitement aux entreprises volontaires, le prototype suscite de nombreux retours : sur l’expérience utilisateur, l’impact, les usages. « C’était un laboratoire vivant. » À l’automne 2020, l’un des testeurs devient le tout premier client. « Ce moment a tout changé. Il nous a donné confiance – et surtout la preuve que notre outil pouvait vraiment aider les équipes sur le terrain. » 

Croître sans se perdre

Après ce premier succès, la dynamique s’enclenche. Les opportunités se multiplient, mais Margot garde les pieds sur terre. « Quand vous démarrez, tout le monde demande vos références… sans vouloir être le premier. » L’équipe s’agrandit, affine sa stratégie, teste, ajuste, apprend de ses premières erreurs. « Notre tout premier recrutement n’était pas un profil commercial, alors que c’était ce qu’il nous fallait le plus. »

Pour structurer la croissance, eBloom se dote de bons outils et finit par lever des fonds en 2024, après plusieurs années d’autofinancement. « Nous avons tenu sans financement jusqu’à notre premier employé. Mais pour aller plus loin, il fallait les moyens de nos ambitions. » Avec une exigence forte sur le choix des investisseurs : « Hors de question de sacrifier l’âme du projet. » 

Jamais seule

Dès le premier jour, Margot et ses associés contactent des entrepreneurs qu’ils admirent. « Nous avons toujours cherché à nous entourer de personnes complémentaires, pas de clones. » Un board solide se constitue : experte RH, entrepreneur à impact, coach commercial, spécialiste SaaS.  

Margot rejoint aussi l’incubateur bruxellois Start.LAB : « C’était une vraie rampe de lancement. On entre avec une idée, on en sort avec des clients. »  Et très vite, la leçon s’impose : « Il ne faut pas attendre que tout soit prêt pour confronter son idée au marché. » Cette approche ouverte et proactive devient une force. « Nous ne savions pas vendre. Nous avions peur du cold calling. Ce que je dirais à tout jeune entrepreneur : confrontez votre idée au terrain, le plus tôt possible. »

Même la comptabilité est pensée comme un levier stratégique. « Notre expert-comptable nous a énormément aidés à structurer, à anticiper. C’est un vrai partenaire. Et c’est lui qui gère également le contact avec Xerius. Il est super réactif, et ça me permet de me concentrer sur le reste. » 

Pas un sprint, un chemin

Comme tout parcours entrepreneurial, celui d’eBloom est fait d’élans et de creux. « Un été, la trésorerie était au plus bas. Nous étions désynchronisés. Il a fallu réagir vite. » L’équipe restructure, relance une stratégie, retrouve l’équilibre.

Mais ces moments de tension permettent aussi de se recentrer. « Pour le moment, je suis la moins payée de l’équipe, celle qui travaille le plus. Mais je suis à ma place. » Pour Margot, la clé, c’est la durée. « L’entrepreneuriat est un marathon. Il faut s’écouter, préserver son énergie, et faire confiance à sa boussole intérieure. » 

La créativité au cœur de tout

Chez eBloom, la créativité est un réflexe. « Nous avons toujours refusé de dépenser de l’argent pour valider une hypothèse. Nous avons préféré tester vite, à moindre coût. »  

Pendant le confinement, l’équipe lance une grande enquête nationale sur l’impact du télétravail sur l’engagement. Plus de 1.000 répondants, une belle couverture presse. « Nous étions encore en train de coder… et déjà cités dans les médias. » Ce coup d’essai devient un tremplin. Un an plus tard, une deuxième édition est lancée pour mesurer les évolutions. Les résultats alimentent le contenu d’eBloom — et affinent sa vision du marché.

Aujourd’hui encore, la plateforme évolue en co-création avec ses utilisateurs. « Chaque client, chaque retour est une source d’inspiration. Ce sont eux qui nous aident à construire un outil qui reste vivant, pertinent, et profondément humain. Cette approche s’applique aussi à leur stratégie de visibilité. « On n’avait pas de budget pub. On a choisi des canaux organiques : des enquêtes, du contenu, du bouche-à-oreille. Ce sont ces approches sincères qui nous ont permis de construire une visibilité durable. » 

Transmettre, pour faire grandir

En parallèle du développement d’eBloom, Margot prend le temps de transmettre ce qu’elle apprend. En 2023, elle publie Leader Next Gen, un ouvrage qui explore l’écoute, le leadership sincère et l’engagement durable. « Le monde du travail change. Les leaders doivent évoluer avec lui. »  

Ce besoin de transmission est au cœur de sa démarche. « J’ai besoin de sens dans ce que je fais. Et j’ai besoin de contribuer. Si ce qu’on a appris peut servir à d’autres, alors je veux le transmettre. » Mentorat, workshops, interventions : Margot partage ce qu’elle apprend avec les jeunes entrepreneur·e·s.  

« Ce que j’ai envie de leur dire ? D’oser poser des questions. D’oser demander de l’aide. Et de ne pas croire qu’il y a un seul chemin pour y arriver. » Car au fond, tout part d’une conviction simple : « L’entrepreneuriat est un moyen incroyable de créer de l’impact dans le monde. »