Frie, coach de carrière et ex-barista : « Rien de tel que de pouvoir faire ce que l’on aime »

Un fait du hasard

« Après mes études de psychologie, je ne savais pas vraiment ce que je voulais faire avec mon diplôme. J’ai commencé à travailler temporairement dans l’horeca et j’ai suivi une formation de barista. C’était vraiment mon truc : un simple café peut faire mon bonheur. Je n’avais jamais rêvé d’ouvrir mon propre établissement horeca, mais je cherchais davantage de défis professionnels. L’entrepreneuriat semblait tout simplement une étape logique. J’ai fait appel à de l’aide externe et j’ai dressé un business plan. »

« Je ne voulais toutefois pas être le énième café anversois. Je me suis donc mise à la recherche de l’endroit idéal. Un immeuble vide au coin d’une rue à Zurenborg a attiré mon attention : parfait pour mon projet. Pas l’ombre d’un café à l’horizon. Avec l’aide de ma famille et de mes amis, j’ai rénové le local et « Frits » a vu le jour. J’ai donné à l’établissement le surnom que mon père m’avait donné enfant. »

Du personnel ou pas ?

« J’ai délibérément choisi de gérer mon entreprise seule. Recruter du personnel, cela coûte cher et cela comporte des risques, mais surtout : à mon âge, je ne voulais pas faire d’investissements trop fous. Le revers de la médaille : vous n’avez personne avec qui échanger des idées et vous devez tout assumer tout seul. Parfois, je ressentais une grande solitude dans mon travail, même en étant entourée de clients chaque jour. J’avais vraiment sous-estimé cet aspect. »

« Six mois après l’ouverture, j’étais déjà tellement débordée que je ne pouvais plus gérer. En concertation avec mon comptable, j’ai décidé d’engager un collaborateur fixe, mais cela ne s’est pas avéré très rentable. En Belgique, les frais de personnel sont élevés. Les étudiants et les flexi-jobistes constituent une alternative plus abordable. L’inconvénient, c’est qu’ils donnent la priorité à un emploi fixe ou à leurs études, ce qui est logique. Malgré tout, je manquais de temps pour trouver les bonnes personnes et je n’avais pas l’âme d’une cheffe. »

« J’étais prête à jeter l’éponge. Jusqu’à ce que mon frère ait l’envie de me rejoindre. À partir de là, tout a changé : mon entreprise personne physique est devenue une société. En plus, je pouvais désormais partager le travail, y compris les responsabilités, les soucis et les bons moments, avec quelqu’un qui était aussi motivé que moi. »

Moment de réflexion

« Nous étions ouverts depuis trois ans lorsque la crise du coronavirus a éclaté. Je me souviens encore très bien du premier confinement. C’était hallucinant que le gouvernement nous ait obligés à fermer, mais c’était en partie aussi un soulagement. J’avais travaillé tellement dur les années précédentes que cette pause tombait à pic. Cette période m’a permis de me ressourcer, de réfléchir à ce que je voulais vraiment. Pour rompre avec la routine, j’ai commencé à travailler à mi-temps comme conseillère entreprise chez Syntra. Le bar à cafés était alors ouvert à la demi-journée, mais uniquement en take-away. »

« Peu de temps après, j’ai décidé d’arrêter chez Frits. Il n’y avait plus assez de plaisir en contrepartie de mes efforts. Et j’aspirais à davantage de liberté. Au bar à cafés, j’étais liée par des heures d’ouverture fixes. En tant que coach de carrière indépendante, c’est moi qui choisis où et quand je travaille. J’adore ça. C’est d’ailleurs grâce à un client du bar que j’ai croisé la route de ce job. Une fois de plus, de manière très spontanée. C’était tout ce que je cherchais à l’époque. »

Fière de la réussite

« Mon frère a repris le bar. Maintenant, je vais boire un café chez lui (rires). En cas de coup de feu, j’y vais en renfort. C’est chouette de voir que nos clients fidèles sont restés. Tout le monde se connaît, chez nous. Ce qui n’était qu’une idée est finalement devenu une réalité : un endroit convivial où les gens se réunissent et dégustent un bon café. Quand j’entends des gens dire ‘nous nous sommes donné rendez-vous au Frits’, je me dis : nous avons réussi, nous sommes quelque chose ici, à Zurenborg. »

« Si c’était à refaire, je suivrais peut-être davantage mon instinct. Par exemple, à la demande des clients, j’ai aussi servi le petit-déjeuner et le déjeuner, alors que ce n’est pas ce que je voulais. C’était en fait trop de travail pour moi seule, ce qui m’a obligée à chercher du personnel, des fournisseurs, etc. Avec le recul, je pense que du café et des pâtisseries auraient finalement fait l’affaire. Je me suis peut-être trop laissée influencer. J’étais encore jeune. »

Une bonne préparation

« Entreprendre, c’est formidable. En tant que coach de carrière, j’accueille régulièrement des personnes qui hésitent à franchir le pas. Je les encourage vivement à le faire. Il n’y a rien de tel que de pouvoir faire ce que l’on aime. Du moment que vous vous préparez et que vous disposez des bonnes bases. Mon conseil : restez fidèle à votre idée et donnez-vous le temps de construire une clientèle stable. Si quelque chose ne fonctionne pas, rectifiez le tir. Mais aussi : appliquez des prix conformes au marché dès le début. J’ai commencé trop bon marché et je m’en suis mordu les doigts. »